Un groupe d’experts du World Weather Attribution a analysé les causes de ces inondations et les facteurs qui ont malheureusement permis d’aboutir à ce triste résultat. Le changement climatique est pointé du doigt, évidemment. Mais ses effets sont amplifiés par un aménagement du territoire qui, petit à petit, a participé à l’imperméabilisation des sols.
les zones humides, les super-héroïnes du changement climatique
L’été 2021 a été catastrophique pour la Belgique et l’Allemagne avec plus de 200 morts et des milliards d’euros de dégâts suite aux graves inondations qui sont survenues en juillet. En France, on estime à 265 millions d’euros chaque année la note salée des inondations sur l’ensemble du territoire.
périurbanisation et imperméabilisation des sols
Lors de la révolution industrielle, les habitants des campagnes se sont massés dans les villes pour travailler. Après la seconde guerre mondiale et grâce au développement économique encouragé par le plan Marshall, l’usage de la voiture s’est généralisé ouvrant la voie à de nouvelles habitudes de vie. Les travailleurs se sont éloignés de la ville, investissant les campagnes et ce qui a nécessité des infrastructures indispensables à leur nouveau mode de vie. Autoroutes, nouveaux quartiers, égouttage, zoning industriel, la bétonisation s’est mise en marche.
Et elle ne s’est jamais arrêtée…l’étalement urbain s’est mis à grignoter de plus en plus d’espaces aux forêts ou aux terres meubles et cultivées. Nous nous retrouvons aujourd’hui avec des sols largement imperméabilisés. Et quand on imperméabilise, l’eau n’a plus qu’une seule solution : ruisseler.
Malheureusement, dans la trajectoire naturelle d’écoulement des eaux, il y a des villes, des villages, des rues, des maisons, des vies… Et quand une forte pluie s’abat, la puissance de ces eaux de ruissellement est telle que rien ne semble pouvoir éviter une inondation et ses désastreuses conséquences.
quelle solution pour lutter contre les inondations ?
Parmi les solutions proposées suite à ces inondations sans précédent, une idée fait son petit bonhomme de chemin : la revalorisation et le développement de zones humides.
Mais une zone humide, c’est quoi ? La convention de Ramsar aussi appelée convention des zones humides définit celles-ci comme étant « … des étendues […] d’eaux naturelles ou artificielles, permanentes ou temporaires, où l’eau est stagnante ou courante, douce, saumâtre ou salée, y compris des étendues d’eau marine dont la profondeur à marée basse n’excède pas six mètres ».
Dans nos régions, on les retrouve notamment sous la forme d’étangs, mares, tourbières, marais, méandres ou encore lagunes.
Dans chacun de ces milieux se développe une biodiversité impressionnante. De nombreuses espèces de plantes mais également d’animaux y prospèrent et participent à l’équilibre de notre environnement. Les zones humides sont même vitales pour certaines espèces comme les oiseaux ou les batraciens qui y nichent ou s’y reproduisent. Enfin, on estime qu’un quart des végétaux remarquables et/ou menacés se retrouvent au sein des zones humides.
Outre leur rôle biologique et écologique évident, elles assurent également des fonctions importantes en termes d’épuration mais aussi de régulation hydraulique. C’est évidemment cette dernière fonction qui va nous intéresser. C’est elle qui va contribuer à la prévention des inondations.
mais alors, comment peuvent-elles empêcher une inondation ?
Lors de fortes pluies, nous l’avons dit, l’eau ruisselle du point le plus haut vers le point le plus bas. Sur sa route, elle va gagner en vitesse mais également en volume. Et plus il y a d’eau et plus elle va vite, plus les dégâts seront importants.
Et si au lieu de filer tout droit, l’eau s’étendait naturellement à gauche et à droite ? Et si elle profitait de zones où elle pourrait se répandre et stagner paisiblement sans générer de dégâts ?
Imaginez une zone humide comme étant une immense éponge qui, par défaut, est pleine. Grâce à des aménagements légers tels que la plantation de végétaux adaptés ou encore le remblai de fossés, on peut lui faire jouer un rôle de régulation limité. Elle agit alors comme une zone tampon en acceptant d’importants volumes d’eau en son sein. Cette capacité de stockage va alors soulager les cours d’eau, diminuer la hauteur des crues ainsi que la vitesse d’écoulement de l’eau.
Vous l’aurez compris, les zones humides ont une capacité de résilience que nos routes, nos villes et villages n’ont pas. Elles accepteront bien volontiers ce surplus d’eau à l’inverse des zones habitées.
Cette fonction de rétention est capitale pour diminuer l’impact des inondations. Les empêcher complètement est impossible mais contribuer à les réguler en limitant leur intensité et leur fréquence permettra de sauvegarder nos infrastructures et nos bâtiments mais également de sauver des vies.
est-ce le seul avantage des zones humides ?
Non. Notre super-héroïne a plus d’un tour dans son sac. Si elle agit pour limiter l’impact des inondations, elle a aussi un rôle important lors d’épisodes de sécheresse.
Quand il pleut, nous l’avons vu, elle peut retenir une partie de l’eau. Patiemment, elle va lui donner le temps de s’infiltrer ou de s’écouler plus tard vers un cours d’eau. Et quand les températures montent, les zones humides évaporent, ce qui consomme de la chaleur et fera diminuer de ce fait la température ambiante. Face à l’augmentation des épisodes de canicules, la zone humide est une oasis de fraicheur. Pas étonnant que de nombreuses villes fassent le pari de la zone humide pour diminuer l’impact des fortes chaleurs sur leurs habitants.
Les zones humides ont également faim de carbone. Elles sont considérées comme des puits naturels de carbone. La plus efficace d’entre-elles est sans aucun conteste la tourbière. En détériorant lentement la végétation, elle la transforme en tourbe qui va piéger le carbone. On estime que les tourbières recouvrent environ 3% de la surface du globe, pourtant elles retiennent près de 30% du carbone terrestre. C’est deux fois plus que toutes les forêts de la terre.
Et ce n’est pas fini ! On peut également lister l’épuration et le traitement naturel des eaux, l’apport en nourritures végétales et animales, la consolidation de nos littoraux et la lutte contre l’érosion maritime, la fourniture de nombreuses matières premières ou encore le développement d’un tourisme durable.
que peut-on faire alors ?
Sur un siècle, la terre a perdu près de la moitié de ses zones humides. Dans la moitié restante, certaines sont délabrées et provoquent plus de dégâts que d’effets positifs pour l’environnement, notamment par le rejet de C02 dans l’atmosphère. Il faut donc se mobiliser pour leur sauvegarde mais également pour leur réhabilitation.
Une première chose à faire serait déjà de les découvrir, de partir à leur recherche, s’y balader, de découvrir les trésors qu’elles cachent. Et pourquoi pas s’investir dans leur préservation en s’adressant directement à leurs gestionnaires.
Prenez des photos de la faune et de la flore dans les zones humides que vous visiterez, faites-en la promotion et participez à l’éducation de vos pairs.
Intéressez-vous à votre environnement. Y-avait-il une zone humide près de votre habitation ou votre lieu de travail ? Pourquoi a-t-elle été détruite ? Ne peut-on pas la réhabiliter ? En tant que citoyen vous pouvez vous mobiliser auprès de vos instances politiques ou développer un groupement associatif qui agira en faveur de ces écosystèmes particuliers.
Enfin, des gestes simples comme la modération dans l’utilisation de l’eau potable ou le ramassage de déchets aux abords des rivières ou autres cours d’eau peuvent faire toute la différence.
Alors, mobilisons-nous pour sauvegarder l’environnement et la ressource en eau et participons à la réhabilitation des zones humides. La planète nous le rendra…
FAQ
pourquoi ne doit-on pas jeter les eaux usées dans la nature?
Car le sol n’est pas capable d’épurer tous les polluants présents dans nos eaux usées. Afin de préserver le milieu récepteur et plus largement l’environnement, il faut traiter les eaux usées pour atteindre des normes de pollution qui permettront au sol de terminer le travail d’épuration.